INTERVIEW 3G & BRICKSY – UP!

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Le 30 juin est sorti la mixtape « UP » des Beatmakers 3G et Bricksy. Un 4ème projet en commun déjà, un peu plus d’un mois après cette sortie nous les avons rencontrés pour échanger sur leur musique, le projet, sa conception et leur futur.

Comment vous vous êtes rencontrés, et c’était en quelle année ?

Bricksy : « On s’est rencontré en 2017 via des connaissances en commun. 3G était un pote de 6pa. Moi j’étais souvent avec Raaash et MH à cette époque. »

3G : « La première fois qu’on a bossé ensemble j’avais envoyé un beat sans mélodie à Bricksy. Il a rajouté des mélodies, c’est la seule fois de notre vie ou on a bossé comme ça. »

Bricksy : « Après ça on s’est capté, on avait des influences en commun. On a fait des prods et on a vu que ça marchait bien. »

Quelles ont été vos inspirations plus jeunes ? Et actuellement quels artistes vous inspire ?

Bricksy : « J’écoutais beaucoup de rap français quand j’étais petit. Ensuite beaucoup de rap US. Je crois que mes influences ça a surtout été Waka Flocka, puis Chief keef. Également j’ai eu la chance, grâce à mon père qui écoute énormément de musique, d’écouter plein de choses dès l’âge de 8, 10 ans. Mais en rappeur Chief keef ça été un peu le déclic qui m’a donné envie de faire du son. »

3G : « Ce qui est cool aussi c’est qu’on n’est pas tout à fait de la même génération. Il a 23 ans, j’en ai 27. J’ai pu lui faire écouter des choses qu’il avait juste survolé à l’époque, et inversement. Moi quand j’étais petit c’était surtout rap français, Mafia K’1 Fry, Rohff, 113…tous les classiques de cette époque. Et via mon père j’ai écouté du rock des années 60, 70, 80. Puis vers 2010 Juicy J, Waka Flocka, Asap Rocky, Future. Et maintenant, en rap français on écoute que les gens avec qui on bosse pratiquement. Et en rap US, ça fait deux ans qu’on écoute beaucoup de son de Détroit. Je crois que 50% du son qu’on écoute maintenant c’est du son de Détroit, ça nous a beaucoup influencé. Sinon un peu de son de Chicago, LA, Miami. »

Bricksy : « Et niveau beatmaker j’pense que c’est surtout Zaytoven, Mexikodro c’est les mecs qui nous ont le plus influencé. Et Lex Luger, 808 Mafia aussi à l’époque. »

3G : « Tout ça nous a bien influencé, mais on n’a jamais voulu faire du copié coller de ces styles de prods. Nous on a toujours voulu faire des prods dans notre style quand même. »

Comment ça se passe quand vous composez à deux ?

Bricksy : « Ça dépend vraiment, soit il y en a un qui va prendre un sample, il va faire une basse et l’autre va finir le reste. Mais on n’a pas vraiment de méthode prédéfinie à chaque fois, c’est assez flexible. »

3G : « On essaie toujours d’avoir fait la moitié de la prod chacun. C’est surtout un plaisir pour nous, parce qu’on kiffe ce qu’on fait. Donc quand on entend une prod on dit : « Vas-y tu peux me laisser ça. » c’est vraiment un plaisir. »

Bricksy : « Quand on bosse ensemble c’est facile. La musique c’est vraiment quitte ou double, moi j’sais qu’il y a des gens avec qui je vais avoir beaucoup de facilités à bosser avec eux et d’autres ça va etre plus compliqué. »

Quels sont les beatmakers avec qui vous avez des facilités à collaborer ?

3G : « Les beatmakers avec qui ont collabore le plus souvent sont MH, 6pa, Whatever51, Lil Nemo, Ouxma, Demnacho, Fenka, DJ Sammy, Voidd, C4000, Reckless, Brodinski, Isho, Soudière, Chen Pol, Yevon, Jwel. »

Le 30 Juin, est sorti votre 4 ème projet en commun : « UP ». Mixtape tournée comme à votre habitude sur la new wave, sont présents sur la tape : Azur, Souley, Yuri, 8Ruki, JMKS, Lunisacks, Majdon, 6PA, Babysolo33, BNK, Texcel, Winnterzuko, Lilguwop, Realo, Scott South, Floki, Chamal et Khali.

Sur cette tape, on a l’impression qu’un passage de cap a eu lieu pour vous. De par la cover et le merch mis en place notamment, mais surtout la qualité des productions et des performances de l’ensemble des artistes présents.

Est-ce que la conception du projet a été différente des précédents ?

Bricksy : « En vrai la conception elle n’a pas été si différente, c’est juste nous la vision qu’on s’est faite du projet dès le début. »

3G : « Puis on a vu la qualité des sons et des invités. Mais ça n’a pas trop changé dans le sens où on est toujours en indé, on n’a pas tout enregistré dans le même studio, tout masterisé par un gros ingé son. C’est pour ça j’ai du mal à appeler ça un album. »

En tant qu’auditeurs on a ressenti une vraie cohérence, liant tous les titres avec des productions toujours légères et aérées. C’était une volonté de votre part ?

3G : « Franchement non, on s’en est rendu compte après. J’pense que c’est aussi cohérent parce que c’est le premier projet qu’on sort ou les prods sont toute dans une période assez concise. Alors que sur les autres projets les prods dataient de différentes périodes. »

Comment les feats ont-ils étaient décidés ? Vous avez proposé les idées de collaborations, ou se sont les artistes eux même qui vous ont proposés ? Et comment vous avez procédé pour sélectionner les beats en fonction de l’artiste ?

3G : « Tous les feats se sont fait naturellement. On n’est pas dans l’assemblage de gens qui ne se rencontrent pas. La semaine dernière Azur est venu à Bordeaux, il a fait du son avec Floki, Babysolo, Yuri. Avant tout c’est des passionnés qui se rencontrent, ils kiffent. »

Bricksy : « Pour la sélection des beats, on envoie des packs. Après évidemment quand on compose on se dit « Ah ça je verrais bien tel rappeur dessus »

3G : « Jusqu’à aujourd’hui c’est très rare qu’un artiste finisse par poser sur la prod lorsqu’on se dit « Celle-là elle est pour lui ». Souvent la prod que l’artiste va choisir c’est celle qu’on a mis au dernier moment dans le pack. Le meilleur exemple pour ça c’est la prod du titre Blueface 8Ruki feat JMKS. On aurait pu ne pas la mettre dans le pack c’était pareil, c’était une vielle prod, pour nous sur le pack il y en avait des dix fois meilleures. »

Concernant la cover, gros travail de Blakhat. En plus de la cover des affiches et t-shirts sont en vente. Déjà comment s’est faite la connexion avec le collectif bordelais ?

3G : « On s’était rencontré il y a 3 ans je dirais, 8Ruki était venu à Bordeaux pour la première fois nous voir et on avait fait un shooting chez eux. Après ça on ne s’est jamais recapté, chacun faisait ses trucs de son côté. Et là pour le projet on cherchait quelqu’un pour bosser la cover, on avait envie de changement. L’idée aussi c’était d’avoir un visuel qu’on pouvait exploiter pour faire du merch. »

Bricksy : « Au final on en a parlé avec 8Ruki, il nous a conseillé de voir avec Blakhat, on les a rencontrés et ça s’est fait comme ça. »

Comment s’est déroulée la direction artistique, pour le coup assez originale et bien pensée ?

Bricksy : « Nous on leur a dit le titre « Under Pressure » et on leur a fait écouter quelques sons. Ils ont eu l’idée des rubalises par rapport au titre, puis ils voulaient un lieu qui faisait nature. Puis ils nous ont montré cet arbre et nous on a dit vas-y. »

3G : « On y est allé un jour, on sortait du taff nous. On devait etre habillé tout en noir pour la cover, donc on était en sweat, il faisait 35 degrés on a eu super chaud. Carrément j’ai cru que j’allais tomber dans les pommes. Mais bon on savait que ça valait le coup et dès qu’on a vu les photos on s’est dit « Ok ça tue ». Franchement ils sont bons, on a kiffé bosser avec eux. »

On remarque une belle évolution sur la qualité des sons depuis SoundCloud. Est-ce que c’est vous qui vous occupez du mix du projet ?

Bricksy : « J’ai mixé trois titres du projet. Celui de Babysolo, celui de Winnterzuko et celui de Scott South. Le feat 8Ruki JMKS c’est Pushka Production. Et après Yuri, Realo, Khali, Azur ils ont mixé leur propre titre. »

Vous n’avez jamais clippé vos titres, est-ce qu’on peut s’attendre à des clips pour celui-ci, afin de bien défendre ce projet ?

3G : « Si, il y avait eu un clip de BNK, mais il l’avait sorti de son côté. Pour cette tape on aurait bien aimé mais normalement il n’y en aura pas. Parce qu’on est déjà sur les projets à venir puis surtout on n’a pas trop les financements. »

Bricksy : « Normalement il y a un feat Azur, Floki, Chamal qui devrait etre clippé. »

3G : « Le problème aussi c’est qu’à Bordeaux c’est pas évident de trouver un clippeur qui capte l’univers, il faudrait des gars comme Blakhat mais pour les clips en vrai. Clairement c’est ce qu’il manque à Bordeaux. »

Le titre « 4life édit », en production avec le beatmaker MH, est assez étonnant, du fait que vous êtes en général focus sur la new wave et que ce son est un remix du titre de Rohff «K-sos for life » . Mais le remix fait plaisir et vous avez très bien su ramener votre empreinte au son. D’où vous est venu cette idée ?

3G : « Ça vient de Bricksy ça, à la base c’était une prod, on cherchait un sample puis on l’a fait écouter à des rappeurs et on nous a dit de faire un remix »

Bricksy : « Ce son je l’écoutait trop, je le trouvais trop actuel dans ce qu’il dit dedans »

3G : « Moi j’adore ce titre, c’est un de mes morceau préféré du projet. »

On est au milieu de l’année, vous êtes donc déjà à deux mixtapes comment expliquer cette productivité ?

Bricksy : « C’est difficile d’expliquer ça. On écoute tout le temps de la musique on est tout le temps influencé. »

3G : « Puis nous quand on écoute du son ça nous donne envie d’en faire. Aussi le fait d’etre à deux ça nous a permis de nous fixer une certaine discipline. On se voit 3,4 fois par semaine pour faire des prods, on fait minimum une quinzaine de prods par semaine. Puis même sur le plan humain, des fois quand t’as envie de rien faire c’est gratifiant de bouger pour aller faire des prods. Au moins tu fais quelque chose de productif. »

Comment voyez-vous votre futur proche ? On peut s’attendre à une troisième avant la fin de l’année ?

3G : « On ne devrait pas faire de troisième projet comme ça cette année. Mais on a plusieurs projets par artiste qui arrivent. Des projets en « producteur exécutif », c’est ce qui se fait pas mal aux Etats unis, c’est-à-dire qu’on produit l’entièreté des prods du projet. »

Bricksy : « C’est plaisant de faire ça, ça nous permet d’aller plus loin avec l’artiste. Et puis ça fait un peu une sortie en périphérie du reste de leurs sorties. Ils ont l’impression d’etre plus libre et c’est pour ça que souvent j’trouve, que de ce type de projets il y a des sons terribles qui se font. »

3G : « Donc on a plusieurs projets qui arrivent en exécutive producteurs, Azur, Babysolo, Yuri, Lilguwop, Souley, 630G et après des placements sur des projets. Le projet de Chamal et Floki, JMKS et 8Ruki, le projet de Winnterzuko et encore d’autres. »

Vous avez des envies de collaborations ?

Bricksy : « J’aimerai bien qu’on taff avec des ricains cette année. Ça nous est déjà arrivé mais ça ce n’est pas toujours bien passé, ça nous avait un peu soulé. »

3G : « Moi je préfèrerai aller là-bas pour les voir directement. »

Bricksy : « En fait là-bas ils sont deter, ils sont dans le mindset dans lequel on est. Tu peux faire écouter 10 prods à un gars il va te dire « Viens on fait un EP » ça peut aller vite. Mais avec le covid aussi c’est compliqué de se projeter. »

3G et Bricksy désirent changer le statut des beatmakers au travers de projet comme celui-ci. Streamez « UP », le projet vient de dépasser les 100 000 écoutes, des chiffres plus qu’encourageant. Le projet mérite encore plus très honnêtement. Merci à eux du temps qu’ils nous ont accordés et de toutes leurs réponses claires. Force à eux pour la suite qui s’annonce plus qu’intéressante.

Rédigé par Lucas Oudot (@Zetrei92i) & Quentin Arnaud ( @Zeuairo) – Photo : Lucas Oudot

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