S.Téban vient de sortir, le 30 Juillet, son nouveau projet « Mode Sport », en indépendant sur son label Tesma Prod. Il nous livre un projet solide et cohérent qui confirme les espoirs placés sur lui depuis plusieurs années. Pour l’occasion nous l’avons rencontré à Marseille afin de parler de son parcours jusqu’à “Mode Sport”, en passant par l’EP « Base 015 » et bien sur son avenir.
Tu te rappelles à quel âge tu as commencé le rap ?
« Le premier texte que j’ai écrit vraiment c’était au collège, en mode freestyle pour rigoler. Je devais être en 5eme, et tout le collège j’avais ce texte. C’était une époque différente, on avais pas de prod. Pour écrire carrément on mettait un morceau de Mobb Deep et on écrivait par-dessus leurs voix. Aujourd’hui je sais même pas comment on pouvait faire ça, mais bon fallait se débrouiller. »
Tu te souviens des premières fois ou tu vas au studio ? Et de ton tout premier son ?
« Les premières fois ou je vais en studio je devais avoir 17 ans, c’était avec mon groupe Lygne 26 (Ramon et Zola). On est du même quartier que les psy 4 de la rime, du coup on les suivait un peu partout, quand ils allaient en studio des fois on était avec eux, ils nous amenés sur leurs concerts etc. On a découvert le monde de la musique avec eux en vrai.
Et ouais le tout premier son qu’on a fait avec mon groupe, c’était sur la mixtape du label de Soprano : « Mains pleines de Ciment Volume 1 ». Le titre s’appelait Nouvel Outsider. Première fois qu’on enregistrait en studio, et c’est le premier morceau qui est sorti. Les gens avaient grave kiffé direct, ça nous avait bien motivé. »
Tu rap depuis presque 10 ans en solo, l’année dernière tu as sorti ton premier EP Base 015, pourquoi avoir attendu 2020 pour sortir un premier projet solo ?
« J’ai été affilié à un ou deux labels avec lesquels ça n’a pas forcement marché. Même si humainement c’était des frérots. J’ai toujours voulu avoir une démarche artistique qui m’est propre et avec laquelle je voulais pas faire de concession et souvent on voulait me faire prendre des directions que je voulais pas. Mais moi la musique c’est ma passion, dans ma vie j’ai toujours travaillé j’ai fait pleins de trucs, si je fais de la musique c’est justement pour faire ce qui me plait, sinon je vais travailler comme tout le monde. C’est comme ça que je me suis décidé à monter mon label, j’aurais dû faire ça plus tôt en vrai. »
Avec Base 015 tu reviens plus déter que jamais, avec une qualité autant auditive que visuelle. On remarque une grande amélioration esthétique pour les clips, c’est de ton initiative ?
« Ah ouais de fou ! En vrai c’est ce que j’ai toujours voulu faire, mais j’avais pas vraiment les moyens de le faire. Et là, j’ai lancé mon label Tesma Prod avec un poto à moi, et je me suis donné les moyens. »
Comment as-tu fait Base 015 ?
« En fait base 015, j’ai mis les morceaux que j’avais qui pouvaient sortir. Pour faire une première présentation de ma musique. C’est pas la même conception que pour Mode Sport. »
Tu as qu’un feat sur Base 015, avec Jmks. Tu peux nous expliquer cette connexion ?
« On enregistrait tous les deux au studio Mhood. La connexion au début elle s’est faite comme ça, on se faisait écouter nos sons il aimait bien ma musique et inversement. Un jour j’avais une prod je le voyais bien dedans, je l’ai appelé il a posé et voilà. Puis dans l’état d’esprit on se retrouve, on est des indépendants on essaie de faire les choses biens, sans rien forcer. »
Enfin cette année tu sors Mode Sport. Sur le premier titre du projet, Rodéo 21, tu dis « 21 tout a changé, 21 tout va changer ». Qu’est ce qui a changé pour toi ?
« 21 tout a changé je parle de l’époque incroyable qu’on vit actuellement : confinement, QR code tout ça. Et 21 tout va changer je parle de moi, histoire de dire qu’on arrive fort. »
Quels sont tes ambitions quand tu fais ce projet ?
« Mes ambitions c’est que le projet soit écouté par le plus de personnes à même de kiffer cette musique. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui sont à propos de cette qualité visuelle et musicale qu’on essaie de donner. Donc voilà que le projet puisse tourner le plus possible, on a déjà sorti 3 clips : Audemars, le son avec Alonzo (Paris Dakar) et Comme un aimant avec Zamdane. Plus Mode S Freestyle et Rodéo 21 sur IGTV. On va continuer de défendre le projet à la rentrée, parce que pour moi c’est ma vraie carte de visite. J’ai vraiment envie que les gens écoutent ce projet, on s’est pris la tête dessus, je trouve qu’il mérite. »
Alonzo apparaissait déjà en featuring avec ton groupe il y a plus de dix ans, vous (Lygne 26) étiez signés sur son label, tu es toujours resté proche avec lui, tu peux nous parler de ce featuring spécial sur Mode Sport ?
« Alonzo sur Paris-Dakar. On l’a amené dans un délire dans lequel il est pas forcément actuellement et ça l’a fait de fou, il a kiffé. Je crois que les gens l’ont ressenti ça, j’ai eu pleins de messages « ah ouais t’es chaud d’avoir mis Alonzo sur une prod comme ça ». Même avec le clip, on l’a vraiment ramené dans notre truc à nous et il a joué le jeu et c’était lourd. »
On compte 4 featurings : Alonzo, Guapo Cartel, Zamdane et Zeboy. Comment tu as décidé les feats du projet ?
« Tout ça c’est la famille, c’est que des featurings au feeling et qui rentraient dans l’univers musical que je voulais apporter. Guapo Cartel, Zamdane, c’est la nouvelle génération de Marseille. C’est des artistes avec qui je m’entends bien et je kiff leur son. Zeboy c’est un petit de chez moi chaud aussi. »
T’as une bonne connexion avec la nouvelle génération marseillaise, notamment Jmks, Zamdane etc
« Ouais carrément ! Moi j’ai toujours été à propos de ce qui se fait de nouveau. Pour moi la musique c’est sensé toujours évoluer. Donc moi j’ai toujours écouté les artistes qui apportent du nouveau dans la musique. »
La scène marseillaise depuis quelques années connait un grand engouement, est-ce qu’à ton niveau tu le ressens ?
« Ouais de ouf ! Ça fait 2/3 ans qu’il y a un gros engouement sur la ville en général et du coup forcément ont le ressent dans la musique. Même par rapport à Bande Organisé, ça a été un gros projecteur sur Marseille. Surtout qu’avant Jul, il y a eu une période où c’était plus compliquer la musique. Aujourd’hui, avec la visibilité qu’à la ville, il y a même des anciens artistes qui veulent ressortir des trucs, puis les nouveaux artistes qui ont faims. De toute façon, ensemble on est plus forts, surtout dans une ville comme la nôtre. »
Tu cites « Caillera à la muerte » en référence à Salif sur Remontada, et même une phase de Civilisés de Lunatic sur Mode S Freestyle. Est-ce qu’à travers ces citations il y’a une volonté de dire que rien n’a changé en vingt ans, où c’est surtout pour te faire plaisir ?
« C’est un peu des deux, je ne prends pas ces phases au hasard, c’est des phases qui traversent le temps. Et en même temps c’est pour perpétuer la culture. Moi j’ai saigné ces sons, c’est une manière de rendre à cette culture. Puis aussi que les gens qui ont kiffés ces sons, kiffent la réf et que les jeunes qui ne connaissent pas puissent découvrir. »
En ce moment qu’est-ce que tu écoutes ?
« La j’te cache pas c’est l’été j’étais plus dans la kiffance, j’te mens pas. Et avant j’étais sur mon projet. Mais sinon globalement tous les artistes qu’il y a sur Murmure c’est des trucs que je kiffe : Lyonzon, 667… Après, Guy2bezbar j’aime bien en ce moment. Norsacce, je me suis noté son projet « Marathon » à écouter. Marathon je suis dans cet état d’esprit de fou par exemple. L’autre fois on a croisé le frérot Ashe22, c’est un bon autant humainement que musicalement. Tous ces mecs, avec aussi Jmks, 8Ruki, je valide leur état d’esprit, ils gardent leur éthique. C’est toute cette scène que je valide. »
Avec Mode Sport, on a l’impression qu’un passage de cap a eu lieu pour toi. Même au niveau des chiffres, seulement sur Spotify tu es passé de 7000 auditeurs à 63,5 mille auditeurs en 3 semaines. Est-ce que tu ressens tout ça ou pas vraiment ?
« On le ressent un peu, mais nous on reste focus frérot. Je sais ce que je veux faire, je vais le faire dans tous les cas. Tant mieux s’il y a plus de personnes qui écoute ma musique, et c’était le but. Mais je vais jamais m’adapter aux attentes des gens ou quoi. On va juste forcer la qualité encore plus. »
Il y a un beatmaker qu’on retrouve pratiquement sur tout le projet, c’est Lyele Gwapo ? Tu peux nous parler de votre relation ?
« Ouais c’est vrai que c’est une relation importante parce que même sur « Base 015 » mes singles c’est lui : le feat avec Jmks, le son méditerranéen. C’est une rencontre importante, qui m’a permis de développer mon son, et ce type de relation c’est nécessaire dans une carrière. On travaille ensemble, la direction du morceau, le thème, souvent on fait ça ensemble. On a plein de références communes ! Ça peut même expliquer pourquoi à une période je sortais moins de sons, j’avais pas réellement les prods que je voulais, je me retrouvais pas dans les prods des beatmaker. Ma rencontre avec Lyele Gwapo ça m’a redonné une motivation pour aller au bout de ce que je veux faire. »
Est-ce qu’il y a d’autres beatmakers avec qui tu aimes travailler ?
« Il y a la nouvelle génération de Marseille, Fakri Jenkins, il a fait pas mal de trucs, je taff pas mal avec lui. JW8L, C4PA aussi très chaud. Après, Leknifrug c’est un gars de Montpelier qui a beaucoup taffé avec Ateyaba. Je suis ouvert à tous les beatmakers qui sont chauds, y’a des choses qui arrives avec des beatmakers de paname aussi, Binksbeats notamment, Thug Dance aussi. Gros big up à tous les beatmakers qui nous font ce genre de trucs chauds. »
Tu peux nous parler de la suite pour toi après Mode Sport ?
« La suite, on va défendre le projet encore à la rentrée. Apres je suis sur d’autres projets, j’ai des feats qui arrivent mais je peux pas encore tout dévoiler, mais y’a de bonnes choses qui arrivent. »
Mode Sport est incontestablement un projet complet, bien travaillé par S.Téban et son équipe ! Streamez ce projet qui le mérite. Dernièrement, S.Téban est présent sur la tape de 8Ruki et Jmks ou encore sur le projet du beatmaker Unfamouslouie !
Rédigé par Lucas Oudot (@Zetrei92i) & Quentin Arnaud ( @Zeuairo) – Photo couverture par BishopNast
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